Le décret suspendant les activités politiques au Mali
Depuis le 10 avril 2024, un décret du président de la Transition a suspendu jusqu’à nouvel ordre les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision a été vivement contestée par les partis politiques, regroupements politiques et organisations de la société civile, qui y voient une violation des textes en vigueur, notamment les constitutions de 1992 et de 2023 ainsi que la Charte des partis.
Officiellement motivée par « des raisons d’ordre public », cette suspension des activités politiques a pour objectif de créer les conditions nécessaires pour mener à bien des activités majeures de la transition, notamment le dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale.
Les réactions face au décret
Les partis politiques et associations politiques ont fermement rejeté cette mesure, qu’ils considèrent comme une violation des libertés démocratiques. Ils ont annoncé leur intention d’attaquer le décret devant les juridictions nationales et internationales compétentes, et ont déclaré qu’ils ne participeront à aucune activité organisée par le gouvernement, y compris le dialogue inter-Maliens.
La Commission nationale des Droits de l’homme (CNDH) a également réagi à cette décision, la qualifiant d’atteinte aux libertés fondamentales, notamment les libertés d’association, d’opinion et d’expression. La CNDH a mis en garde contre le risque de troubles et de tensions que ces restrictions pourraient engendrer.
Depuis le coup d’Etat du 18 août 2020, une transition politique est en cours au Mali, initialement fixée à 18 mois, elle a été prolongée jusqu’au 26 mars 2024. Cependant, le report de l’élection présidentielle prévue en février dernier a suscité des interrogations quant au retour à l’ordre constitutionnel dans le pays.