La cour d’appel de Dakar a pris une décision surprenante en réintégrant O. Sonko dans le fichier électoral, tout comme l’avait fait le tribunal de Ziguinchor. Cette décision signifie qu’il pourra participer aux élections présidentielles malgré le refus illégal du ministère de l’Intérieur de lui fournir sa fiche de parrainage. Bien que cette décision puisse être contestée devant la Cour Suprême, elle ne suspend pas la remise de la fiche de parrainage à O. Sonko.
Cette décision marque une nouvelle étape dans la perte progressive de l’autoritarisme du président Macky et de son parti l’APR/BBY. Ces derniers temps, nous avons assisté à une multiplication des candidatures au sein de l’APR, des plaidoiries de la Cour suprême en faveur de Sonko, le verdict du tribunal de Ziguinchor, l’injonction de la CENA à la DGE de remettre les fiches de parrainage à Sonko, et enfin le verdict du tribunal de Dakar confirmant celui de Ziguinchor.
Il est intéressant de noter que les multiples condamnations non définitives de Sonko n’ont pas affecté son éligibilité. Cela montre une forme de résistance faible à l’emprise présidentielle sur le système judiciaire.
La question maintenant est de savoir jusqu’où la justice exercera son indépendance face à un État qui ne respecte pas la loi. Cet État n’hésite pas à bloquer la résidence du chef de l’opposition, à l’empêcher de se rendre à son procès, à le condamner par contumace malgré l’absence d’accusations crédibles, à emprisonner des milliers de prisonniers politiques, à interdire son parti et à lancer une campagne de dénigrement sans preuve. La réponse à cette question sera donnée par la Cour Suprême et le Conseil Constitutionnel, les seules institutions habilitées à valider la candidature de Sonko.
Si nous examinons l’histoire politique du Sénégal, nous constatons que la démocratie néocoloniale a connu différentes étapes, passant de la dictature du parti unique à l’alternance libérale. Cependant, cette dernière alternance a permis l’émergence d’une autocratie présidentialiste qui ne respecte même plus les lois du pays. C’est ce que nous appelons l’État néocolonial hors la loi.
Il est temps de remettre en question le présidentialisme et d’introduire un régime parlementaire combiné avec les Penc locaux historiques. Les régimes autocratiques soutenus par la françafrique, l’eurafrique et l’usafrique ne font la promotion de la démocratie formelle que dans la mesure où cela sert leurs intérêts prédateurs.
Le président Macky et son parti sont en train de détruire l’état de droit qui avait permis les deux alternances libérales. Leur fin de règne est confrontée à la résistance du peuple, en particulier de la jeunesse patriotique qui cherche un avenir meilleur pour le pays. Cette résistance met à l’épreuve la séparation des pouvoirs, l’administration, les médias et les forces de l’ordre.
Le choix est clair pour toutes les classes sociales dominantes et les forces politiques et sociales : soumission à l’impérialisme ou souverainisme. L’enjeu de la lutte actuelle est le droit du peuple à choisir son dirigeant lors des prochaines élections.
Le camp patriotique doit maintenir sa stratégie de candidatures multiples jusqu’au dépôt des candidatures devant le Conseil Constitutionnel. Une fois que cette institution aura pris sa décision, le véritable débat démocratique pourra commencer.